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pascal pellegrino
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6 juin 2006

JORGE DONN: UN LION SUBLIME

jorge_donn

Le 31 mai à Beaulieu, j’ai assisté au « Presbytère » de Maurice Béjart. Et j’ai pris une claque. C’était un spectacle époustouflant. Avec des images fortes et un thème douloureux : le sida. Il y avait bien sûr l’hommage à Freddie Mercury, mais surtout, tout au long du spectacle, il y avait le fantôme sublime de Jorge Donn, danseur mythique de Béjart.

Comme beaucoup de gens, j’ai dû découvrir la chorégraphie qu’il a faite sur le Boléro de Ravel à travers le film « Les uns et les autres » de Claude Lelouch. Jorge Donn était le soliste, celui qui incarnait la Mélodie. Comme beaucoup, j’ai été arrêté par le visage taillé à la serpe et la crinière de lion de ce danseur argentin, fils de parents émigrés russes.

Et puis j’ai eu cette chance fabuleuse de le voir danser le Boléro. C’était en 1988 je crois, au Théâtre de Beaulieu encore. J’ai toujours en tête l’image de cet extraterrestre, de la sueur qui jaillissait de ses cheveux quand il dansait. C’étaient les rayons de ce soleil.

Il est mort quatre ans plus tard, fauché par cette terrible maladie de la fin du vingtième siècle. Mais mes images de lui sont restées fermement accrochées à ma mémoire. Et de voir ce spectacle, l’autre soir – cet hommage magnifique de Béjart à celui qui a donné des étincelles de vie éternelle à ses architectures chorégraphiques – m’a touché profondément.

A la fin du spectacle, Jorge Donn apparaît sur un écran géant et danse pour nous. Au pied de l’écran, les danseurs actuels de la troupe de Béjart. Le passé contemplé par le présent et l’avenir. Un moment rare et émouvant. Un moment qui me fait de plus en plus croire que la mort n’existe pas. Grâce à ces images, grâce à nos souvenirs, les êtres disparus ne nous quittent jamais.

Et je suis reparti, des larmes dans les yeux. En trouvant le destin malicieux d’avoir donné Jorge ce nom de « Donn ».

Le don.

La donne.

Donner.

Et moi, ce soir-là encore, comme tous les gens du public, j’avais pour nom de famille : « Recevoir »…

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